La rentrée scolaire est pour nous une occasion de renouveau, c’est comme le nouvel an spécial enseignants. Les compteurs sont remis à zéro, le mois d’août nous travaillons comme des petites fourmis pour renouveler nos ambiances, le matériel défectueux est réparé ou remplacé, tout est fait pour accueillir les enfants le 1er septembre en grandes pompes !! Riches de l’expérience des années passées, nous nous fixons des nouveaux objectifs et sommes prêts à donner le meilleur de nous-mêmes pour avoir une belle année.
Cette année n’a pas échappé à la règle à IMS car l’enjeu est de taille : nous fêtons nos 5 ans !! Un palier certain dans notre croissance. C’est avec nostalgie que nous jetons un regard en arrière ce 1er septembre 2016 où nous avons ouvert la porte à 14 enfants pour la toute première communauté enfantine.
Bien avant cette rentrée, je revois Anam, enceinte, débarquant en Côte d’Ivoire, son pays natal, où elle revenait avec un projet et des rêves plein la tête, sur une école Montessori à Abidjan. Quelques années auparavant, elle avait découvert la méthode Montessori presque par hasard lors d’un bénévolat à Paris. Séduite, elle avait décidé de se former directement à cette méthode. Elle a suivi une formation d’éducatrice AMI à l’Institut Supérieur Maria Montessori à Nogent-sur-Marne, et a travaillé deux ans à Ottawa en tant que remplaçante, assistante, puis éducatrice. Elle était convaincue que cette pédagogie allait faire beaucoup de bien au pays qui avait vu sa naissance. Elle a commencé les démarches administratives, commandé le matériel, monté les étagères et a accueilli les parents lors de l’inscription avec son bébé en kangourou.
Moi, j’entre en scène quelques mois plus tard. Une des assistantes d’Anam me contacte pour me parler d’une place vacante à IMS mi-temps en tant qu’assistante administrative et mi-temps en tant qu’assistante maternelle. Montessori ? Vite je google le terme que je connaissais vaguement, je vois les photos des classes avec du matériel en miniatures, des assistantes assises par terre et je me dis « comment vais-je m’en sortir ? Je n’ai plus l’âge, ni la forme d’ailleurs, pour m’occuper des bébés ». Mais la curiosité est plus forte et je postule. Anam me propose une journée d’observation de tout ce qui se passe dans la classe et je suis complètement ébahie. Je suis tombée sous le charme de ces enfants en quelques secondes. Et j’ai compris ce que Maria Montessori voulait dire sur l’accueil de l’enfant dans un environnement qui lui convient :
« Quand il arrive dans notre monde, nous ne savons pas le recevoir ; et pourtant le monde que nous avons créé lui est destiné ; c’est lui qui doit le continuer et le faire avancer vers un progrès supérieur au nôtre.
« Il vint au monde
Et le monde fut fait pour lui.
Mais le monde ne le reconnut pas.
Il vint à sa propre maison
Et les siens ne le reçurent pas… » »
Maria Montessori, L’enfant, p.24 (éd. 2004)
Et bien, je venais de découvrir un environnement où l’enfant était maître des lieux, complètement à sa place. Dès le début de mon travail, je me suis sentie à ma place. J’aimais ces moments avec les enfants et j’ai appris énormément à leur contact.
Un jour Anam me dit qu’elle est entrain de construire un bâtiment pour l’école et me demande : « si tu veux ce soir on passe voir le chantier ». On y arrive, il n’y a rien à voir ! La villa qui était achetée ne convenait pas, tout est par terre en gravats. Une nouvelle école va naître de ce terrain. Et moi, je m’affole car on est déjà au mois de mars. Anam était plutôt sereine. En juin, je pars en vacances et je reviens le 1er août pour préparer la rentrée. On passe le lundi matin assister à une réunion de chantier : panique totale, il n’y a même pas de deuxième étage et il reste 30 jours avant d’accueillir les enfants. J’assiste, médusée, à la réunion de tous les corps de métiers :
- Le chef de chantier fait travailler ses ouvriers de 8h à 17h00, après cette heure-là, il ne faut pas déranger les voisins mais une deuxième équipe prend le relais : les carreleurs, les électriciens, les plombiers, etc. tous les métiers moins bruyants entrent en scène.
- Les menuisiers, tant ceux qui s’occupent des portes que ceux qui s’occupent du matériel pédagogique sont présents, chacun avec son agenda ;
- La designer qui s’occupe des couleurs des murs, le jardinier qui est là tant pour le jardin extérieur que pour le jardin intérieur ;
- Etc.
Tout le monde travaille main dans la main comme un ballet : on finit une pièce : murs peintes, carrelage, climatiseurs installés, on installe la porte et la pièce est fermée. C’était impressionnant. Et tout le monde a tenu ses promesses car le 1er septembre 2017 l’école a ouvert deux « communautés enfantines » et une « maison des enfants ».
Ce ne sont pas les seules défis qu’IMS aura relevés avec brio ces cinq dernières années, la suite dans le prochain article…